Terre d’histoire et de culture, la Camargue c’est aussi, et avant tout, des femmes et des hommes qui ont façonné et préservé ce patrimoine aussi inestimable que fragile.  Une culture qui fait vivre la mémoire de ce territoire.

La Camargue et la ferveur gitane

Terre d’accueil, la Camargue voit passer les Gitans depuis la nuit des temps. Arrivés en Europe avec le titre de pèlerins, ils participent dès 1432 au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle auquel ils demeurent fidèles. Dans la petite église des Saintes-Marie-de-la-Mer, souvent en l’absence de prêtre, ils font leurs dévotions à leur sainte patronne, Sara la Kali, qui signifie à la fois « la Gitane » et « la Noire ». Folco de Baroncelli est touché par la sincérité et la force de cette ferveur. Il demande à l’archevêque d’Aix-en-Provence l’autorisation de sortir en procession les reliques de Sara jusqu’à la mer. Il l’obtient en 1935. Désormais, en mai, les Gitans célèbrent au grand jour ce rendez-vous sacré. La petite statue est revêtue de bijoux et de robes multicolores. Jusqu’à cinquante parures superposées habillent Sara la Noire, entourée d’une multitude de cierges tenus à bout de bras. Dans une ambiance de liesse, elle est ensuite portée jusqu’à la mer, précédée par les gardians à cheval. Le soir, c’est tout un cortège qui suit violons et guitares pour la veillée de prières. L’ambiance y est intense et les pèlerins et touristes affluent de plus en plus nombreux et viennent de loin pour assister à ce moment inoubliable.

Pèlerinage Gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer
Pèlerinage Gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer

Taureaux et chevaux de Camargue : une culture ancestrale

La culture camarguaise et ses traditions autour du taureau et du cheval de Camargue, est un patrimoine unique et propre à ce territoire. Ces traditions anciennes ont remonté le fil de l’Histoire jusqu’à nous parvenir. Liées à l’élevage du taureau de Camargue que l’on retrouve déjà mentionnée dans des écrits gallo‑romains, ces traditions sont devenues de véritables fêtes populaires dans les villes et les villages. Les fêtes votives, abrivados et bandidos, encierros et les incontournables courses camarguaises sont, à chaque fois, de grands moments de partage. Un engouement qui gagne chaque visiteur et contribue à la vie culturelle et économique la Camargue.

Abrivado en Camargue
Abrivado, conduite des taureaux depuis les pâturages jusqu’aux arènes, sous la surveillance de gardians

Le show de Buffalo Bill et la naissance du cinéma camarguais

En 1906, à l’occasion du passage du Wild West Show de Buffalo Bill en France, le poète et manadier Folco de Baroncelli fait la rencontre d’Indiens Sioux du Dakota et se lie d’amitié avec eux. Il fait également la rencontre de Joël Hamman, un jeune Français recruté par le show pour sa connaissance des Indiens, ses talents d’acteur, de cavalier et de cascadeur.

Ces rencontres vont marquer la vie du Marquis et ouvrir un chapitre méconnu de l’histoire du cinéma français. La Camargue offre son décor naturel aux allures de Far-west aux réalisateurs de films d’aventure : des cowboys à cheval poursuivant des indiens, un train qui siffle au loin dans une plaine sans fin. Il ne s’agit pas du grand Ouest américain, mais bien de la Camargue.

Jusqu’en 1914, une vingtaine de films d’aventure sont ainsi tournés : Pendaison à Jefferson City, La Prairie est en feu, Cent dollars mort ou vif…

Pour incarner leurs rôles, les acteurs, recrutés localement, se parent des costumes rapportés par Joël Hamman de ses voyages et ceux offerts par les indiens à Folco de Baroncelli : coiffes d’indiens, chapeaux Stetson, pare-culottes en toison de mouton, selles…. À cette même période, d’autres réalisateurs viennent y tourner des œuvres d’inspiration régionales comme Mireille d’après Frédéric Mistral, Le Roi de Camargue d’après Jean Aicard ou encore L’Arlésienne d’après Alphonse Daudet.

En 1963 la Camargue sert de décor au film « D’où viens-tu Johnny ‘ » avec Johnny Hallyday.