17h Sortie botanique / 19h Présentation et signature de Hiver
Philosophe, naturaliste et plasticien, Thibault Franc s’est spécialisé dans la reconnaissance des plantes comestibles, médicinales ou toxiques, notamment à l’époque où il vivait à Arles, qui reste son terrain de jeu préféré pour raconter la vie des plantes.
Photographe et médiatrice culturelle, Anne-Sophie Doucet a de son côté entrepris de documenter l’ensemble des espèces végétales présentes autour de leur ferme aveyronnaise, et elle a récemment organisé une sortie de découverte de la flore urbaine à St-Gilles, lors d’une résidence chez Edit&P0llux. Ensemble ils nous accueilleront pour une promenade érudite et amusante, avant de découvrir les tirages risographiques des plantes créés à St-Gilles en octobre 2024, et le livre « Hiver » qu’elle dédicacera à cette occasion.
» A l’époque où j’ai commencé à prendre des photos, le numérique n’existait pas encore. J’ai longtemps travaillé le noir & blanc, les nuances de gris. Il fallait compter les secondes sans voir passer les heures.
En emménageant à Arles en 2007, je pensais trouver facilement un autre labo photo. Après tout, c’est LA ville de la photographie. Mais non, désormais tout était numérique. Les petits compacts, bien moins encombrants que l’appareil argentique, m’ont fait découvrir une autre photographie. Ils nous suivent partout, et plus besoin d’économiser la pellicule, on peut mitrailler à tout va. Inutile d’avoir un matériel sophistiqué, même un téléphone suffit pour qui sait regarder.
Une photographie, c’est un cadrage. On choisit ce qu’on regarde parmi tout ce qu’on voit, on pose un regard. Le mien, accoutumé à la douceur de la myopie qui floute l’environnement, cherche à apprivoiser l’infinité des formes et des couleurs des plantes, exubérantes dans la campagne aveyronnaise où je vis maintenant, ou survivantes dans le gris du béton, en ville. Un ordre naturel à deviner, une résistance du vivant, face à la géométrie des poteaux, des fils, au rouge des panneaux. Je ne sais peut-être pas encore en quoi consiste l’existence, mais la vie surgit au sein des images urbaines un peu tristes, de la solitude des pavillons de banlieues.
Je n’ai plus le même rapport au temps, à la lenteur passée des techniques argentiques, mais j’observe et je documente le temps long de la vie qui s’obstine, saison après saison, les variations de la biodiversité, le ciel toujours différent sur un paysage identique.«
Anne-Sophie Doucet