« On peut arpenter la Camargue, caméra au poing ou carnet de dessin à la main. Ici, l’enjeu n’était pas de produire des oeuvres achevées, mais d’oser l’écoute et l’enregistrement : se frotter aux aléas du terrain, déchiffrer l’expression sonore des éléments, s’approcher avec délicatesse du vivant… À travers ces esquisses sonores, témoins d’une étape dans un cheminement inscrit dans la durée, s’expriment déjà l’attention fine, la sensibilité d’auteur et l’engagement des participants. »
Marc Namblard, directeur du workshop « Enregistrer le paysage »
Depuis ses études en école d’art, Marc Namblard vit et travaille en Lorraine. Ses nombreuses réalisations (pour l’édition, la muséographie, le spectacle, la télévision, le cinéma…) et ses collaborations sont marquées par une double approche, à la fois naturaliste et artistique, rationnelle et intuitive. Dans son travail, son exigence d’une écriture sonore le dispute à la rigueur de l’observation naturaliste.
Dans leur film documentaire L’esprit des lieux (Ana Films/Les films de la pluie), qui a décroché une étoile de la SCAM en 2019, les réalisateurs Stéphane Manchematin et Serge Steyer le montrent à l’ouvrage sur le terrain et en studio.
// Plage de Piémanson, matin d’avril (6’05)
Yoana Urruzola – Fr
« Rejoindre un territoire, le découvrir tant bien que mal, l’arpenter, le regarder, l’écouter. Poser ses micros quelque part, trouver si possible une place qui ne dérange pas trop (mais on n’est pas invisible). Accepter de se perdre dans le temps de l’écoute et de l’accueil de ce qui peut (ou pas) arriver. Ne plus trop bouger. Au fur et à mesure disparaître un peu. Attendre, oublier qu’on attend, passer à autre chose, se fondre. Puis de retour au studio, esquisser une composition pour tenter de restituer cette
expérience. »
Je suis née en 1977, je vis et travaille en Seine-Saint-Denis. Cinéaste et photographe, depuis dix ans, j’exerce ma pratique dans le champ du travail social.
//Fondus Camarguais (5’)
Adrien Vullo – Fr
« Dans cette composition j’ai cherché à lier les enregistrements à partir des mouvements du son. Les fonds d’air, pourtant difficiles à mélanger, sont devenus essentiels à la caractérisation des prises. Omniprésents et continus, ils forment la majeure partie du paysage sonore. L’écoute révèle un monde où les ondes sonores voyagent selon la densité de l’air, rebondissent sur les bâtiments, les oiseaux, la poussière, créant un trafic sonore ininterrompu. »
Né dans le bassin minier au début des années 1990, j’ai commencé à m’intéresser aux environnements sonores durant mes études d’ingénieur civil. En 2016, j’ai fondé ESITU Records et lancé le projet Fragments, des installations sonores in situ à la Fondation Gulbenkian (Lisbonne) et au Palais Coudenberg (Bruxelles). Je collabore avec le Centre Pompidou pour des créations pluridisciplinaires, dont des musiques pour l’oeuvre de Giuseppe Penone et la série vidéo Pionniers, pionnières. En 2024, j’ai co-réalisé une série documentaire-fiction sur la Seine avec la Maison d’Architecture de Normandie. Je suis curateur et DJ résident sur deux radios indépendantes explorant fiction, photographie
et musique.
//Changement d’état (4’42)
Martin Sadoux – Fr
« Sortir de l’eau, quitter le bouillonnement blanc et percevoir les premiers chants dans les dunes, aller dans les haies écouter les bruissements et les solistes, puis finir dans les conglomérats de la ferveur nocturne. »
Je suis preneur de son pour le cinéma documentaire et de fiction. Passionné par la nature, je m’intéresse maintenant à l’audio-naturalisme et au «field recording».
//Le vent murmure au creux de l’eau (5’08)
Ingrid Obled – Fr
« À partir de prises de sons bruts, très proches des sources, et avec la contrainte de 4h de montage, j’ai fait co-exister des paysages se trouvant à des endroits différents : des paysages aériens et des paysages sous l’eau. Des matières très différentes et qui pourtant se font aussi écho dans leurs textures, comme un rappel que, ce qui semble différent à nos yeux ne l’est pas forcément pour nos oreilles (et réciproquement), et qu’en toute chose se trouve la totalité. »
Après une formation en contrebasse et en composition électroacoustique jusqu’en 2005, j’expérimente le son et la musique sous diverses formes pour l’art contemporain, le spectacle… J’aime ouvrir des espaces parallèles où les repères de temporalité et de lieu sont effacés pour laisser place à un univers intime et poétique, une communion hors du temps. J’ai été lauréate du concours international de composition Musica Viva en 2006. Ma pièce Si je regarde est jouée à l’institut franco-portugais de Lisbonne et éditée sur le label Miso Record. En 2017, j’ai créé un solo pour nyckelharpa (violon à clavier), contrebasse et live looping. Son 3ème volet, Le chant des baleines stellaires tourne depuis plus deux ans en France, Suisse et Belgique… et au cinéma en 1ère partie du film Les gardiennes de la planète. Un album sortira fin mai 2025 chez Art Mélodies.