Le Maître du Haut Château (1962) est l’uchronie la plus célèbre de Philip K. Dick. Le roman se déroule dans un monde alternatif dans lequel les Forces de l’Axe ont remporté la Seconde Guerre mondiale. L’histoire évoque, par un effet de mise en abyme, l’ouvrage d’un certain Abendsen qui imagine l’impensable, à savoir la victoire des Alliés en 1945.
L’uchronie que notre exposition se propose d’exploiter est la suivante : la « Guerre de la langouste » a bien eu lieu. C’est un conflit qui opposa le Brésil à la France entre 1961 et 1963. Un simple litige, diplomatique et armé, au sujet de zones de pêche. Au final, rien, ou presque rien.
Or, ce conflit pourtant mineur — nous ne pouvons que le constater — a eu un retentissement certain sur notre monde, s’insinuant aussi bien dans nos civilisations que jusque dans nos rêves, influençant les traditions religieuses et les mouvements de mode ainsi que les artistes et les livres d’histoire. La langouste, depuis cette guerre, pour des raisons que nous nous proposons d’étudier, s’est imposée alors comme un véritable emblème, voire une mythologie. Au point que Roland Barthes, auteur des Mythologies, en 1957, se voit contraint d’augmenter son ouvrage d’un nouveau chapitre, consacré bien évidemment à la Guerre de la langouste. Cette nouvelle édition de l’essai de Roland Barthes aurait paru dès 1963. Sur la couverture de l’édition de poche, l’image du fameux crustacé a remplacé la DS Citroën.
Conception artistique et curatoriale : Jean-Yves Jouannais, Mabe Bethônico et Elizabeth Guyon, avec Thomas Bouniol, Célia de Feral, Teva Lan‑Yeung, Denis Valery Ndayishimiye, Maria Teresa Neira Barres, Mélina Rard, Joffrey Sebault et Jacinta.
Exposition coproduite par les Rencontres d’Arles et l’École nationale supérieure de la photographie, Arles.