Les deux artistes réunis dans l’exposition Pianissimo nous invitent à un lent cheminement
silencieux vers l’épure. Révélation de la lumière dans les peintures en volume de madé,
disparition présagée du monde forain, dans les photographies de Michel Rey.
Ce qui frappe dans la série photographique de Michel Rey, mémoire de fête, c’est la tension,
entre l’esthétique kitsch des baraques foraines, de couleurs vives voire criardes, aux enseignes
accrocheuses, et la construction frontale et rigoureuse de leur représentation. Ces baraques à
l’esthétique naïve et modeste voient leur beauté plastique dévoilée par des prises de vue au petit
jour, devantures fermées sans aucune présence humaine, et par un travail d’effacement de tout
élément parasite. Soustraction du réel qui rend visible les lignes de force de leur arrière-plan et
de leur socle. Le connaissable, l’habituel est détourné pour opérer une métamorphose poétique
et onirique, métaphore d’un monde précaire, annonce nostalgique d’un avenir incertain.
madé est fascinée par la lumière. Toute son œuvre s’inscrit dans la quête de sa révélation, nous
associant à cette expérience sensible, subtile et impalpable.
La scénographie de l’exposition dit l’évolution de son écriture picturale, long protocole
expérimental fait de strates de couleurs, de recouvrements ou d’effacements. Les presque vrais
monochromes noirs, rouges, blancs sur les valeurs desquels elle agit en créant des plis, des
superpositions, des ombres portées, des réverbérations, rejoignent ses dernières recherches,
des gris lumineux, faits de glacis de différentes couleurs transparentes, aux titres facétieux.
Poésie, silence et rigueur habitent l’œuvre de madé préoccupée par le geste juste qui révèlera la
couleur-lumière